• La Nouvelle-Calédonie : une colonie française où Louise Michel fut déportée

    La France prend possession de la Nouvelle Calédonie   

    24 septembre 1853

    Le fortin de Balade, sur la colline de Umbeip
    où eut lieu la cérémonie officielle
    de prise de possession
    © Rue des Archives

    L'île Nou qui a accueilli, de 1864 à 1898,
    20.000 bagnards de droit commun.
    Archives nationales, centre des archives d'outre-mer
    © service photographique du CAOM

     

    Le vingt-quatre septembre 1853, l’amiral Febvrier-Despointes hissait les couleurs françaises à Balade, à l’extrême nord de la Nouvelle-Calédonie, prenant ainsi possession de l’ensemble du territoire au nom de la France. Repartant peu après, il laissa l’un de ses officiers, le capitaine de vaisseau Tardy de Montravel, gérer cette nouvelle colonie. C’est ce dernier qui fonda Port de France, rebaptisée en 1866 Nouméa.

    Cette terre n’était plus inconnue. Elle fut découverte par James Cook en 1774, qui, à cette occasion, la baptisa en souvenir de l’Écosse de ses ancêtres. À la différence de beaucoup de terres voisines, la Nouvelle-Calédonie ne changea jamais de nom. Ce furent ensuite principalement des navigateurs français qui complétèrent la découverte. La Pérouse, tout d’abord, explora la côte occidentale avec ses navires la Boussole et l’Astrolabe, en 1788, avant d’aller se naufrager à Vanikoro. D’Entrecastaux ensuite, en 1792, entreprit l’exploration de la Grande Terre, et enfin Dumont d’Urville, en 1827, cartographia les îles Loyauté.

    Les premiers à suivre les explorateurs furent des trafiquants, chasseurs de baleines, trafiquants de bois de santal, et surtout chasseurs de main-d’oeuvre pour les plantations australiennes. On se battit un peu, des bandits anglais dominèrent le lot. Un nommé Richards s’installa à Hienghène en 1843, un autre, nommé Paddon, à l’île Nou en 1851.

    Mais presque en même temps, dès le milieu du XIX e siècle, des mis-sionnaires chrétiens entreprennent de convertir les habitants du territoire. Des protestants de la « London Missionary Society » arrivent à l’île des Pins et à Maré dès 1840. Les catholiques suivent très peu de temps après avec Monseigneur Douarre en 1843 et la mission de Pouébo fondée en 1847.

    Tout cela est anarchique. La Nouvelle-Calédonie est repérée mais elle est toujours une terre sans maître, sinon de multiples chefferies locales.

    Napoléon III pendant cette période, probablement inspiré par l’exemple anglais en Australie, cherche une terre lointaine pour y installer une colonie pénitentiaire. Il donne l’ordre à plusieurs navires français croisant dans le Pacifique de prendre pos-session de la Nouvelle-Calédonie dans ce dessein, sous la condition que la Grande-Bretagne n’ait pas revendiqué ce territoire auparavant.Ce ne fut pas le cas, et Febvrier-Despointes fut le premier à se trouver en condition d’exécuter l’ordre impérial.

     

    Un premier contingent de 250 bagnards arrive dès mai 1854. Puis les convois se font réguliers, l’île reçoit son premier gouverneur, le contre-amiral Guillain, et le statut de colonie en 1860. Les bagnards construisent les routes et les infrastructures. Le 29 septembre 1872 arrive un nouveau convoi de déporTés, célèbre celui-là, qui transporte les condamnés de la Commune de 1871, parmi lesquels Louise Michel et Henri de Rochefort qui sera le seul à réussir à s’en évader. L’île recevra en tout 22 000 « transportés ».

     

    La colonisation est brutale. À diverses reprises, l’armée chasse purement et simplement les Kanaks de leurs terres et de leurs villages pour les attribuer soit aux bagnards libérés soit aux colons libres qui viennent aussi s’installer. Des révoltes ont lieu, durement réprimées. La plus grave se produit en 1878, elle dure sept mois et ne se termine que lorsqu’un des chefs coutumiers de l’île abat l’instigateur de la révolte. Elle aura fait plus de 1 000 morts. Il y en aura de nombreuses autres, les dernières en 1984 et 1988.

    En 1864, l’ingénieur Jules Garnier découvre le nickel. La société «Le Nickel » fondée en 1880 succède à de petites mines personnelles. Du coup Chinois, Indonésiens, Japonais arrivent sur l’île à côté des Français. En 1898, le gouverneur Feuillet, jugeant l’existence du pénitencier incompatible avec une colonisation efficace par un peuplement plus abondant, demande et obtient sa suppression.

    La Nouvelle-Calédonie va dès lors se peupler assez rapidement grâce au nickel et à l’agriculture. Elle fournit beaucoup d’hommes au bataillon du Pacifique qui combat en France pendant la guerre de 1914-1918. Le territoire y perd près de 1 500 hommes. Affaiblie par cette saignée et par le manque de dynamisme du marché du nickel, la Nouvelle-Calédonie vit l’entre-deux-guerres dans une certaine léthargie.

     

    Puis vient la Seconde Guerre mondiale. La Nouvelle-Calédonie est l’un des premiers territoires à rallier la France libre. Cela permet aux Américains de la choisir comme l’une des bases de départ de leur reconquête du Pacifique. 40 000 GI’s y débarquent le 10 mars 1942, ils seront en tout un million à y passer. Ce rôle de « porte avions » est un facteur de réveil. L’après-guerre et surtout le commencement de la guerre froide vont faciliter l’essor du nickel. La population augmente, autant par la natalité que par l’immigration.

    Cette croissance se fait dans un équilibre à peu près stable des commu-nautés :40% d’Européens appelés Caldoches, 40 %de Mélanésiens ou Kanaks, et 20 % rassemblant de nombreuses communautés, Wallisiens, Vietnamiens, Polynésiens, Indiens, Philippins, quelques Chinois, en tout 180 000 habitants vers 1980.

     

    Michel Rocard
    ancien Premier ministre,
    député au Parlement européen

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